BLOG DÉDIÉ AUX VOYAGES EN 2CV. VOUS TROUVEREZ ICI NOS PÉRIPLES ET CEUX D'AUTRES AVENTURIERS. BONNE VISITE...
Deux Aubagnais vont explorer la Mongolie... en 2CV !, ici.
Des os de dinosaures d'une taille incroyable, ici.
Du désert de Gobi aux hauts sommets de l'Altaï en 2CV, ici.
MONGOLIE, UN TERRITOIRE FASCINANT
UN PEUPLE ACCUEILLANT ET SOURIANT
Ce pays a l'une des plus petite densité de population au monde, seulement trois fois Marseille sur un territoire égale à trois fois la France. Autant dire que le mot liberté prend ici tous son sens. De plus la majeure partie des mongoles sont nomades et parcourent le pays à cheval, en chameau ou en yack, transportant leur légendaire habitat, la yourte ou ger, de pâturage en pâturage à travers toute la Mongolie.
C'est ainsi, dans ces immenses steppes à perte de vue, chevauchant les dunes du désert de Gobi, à travers les forêts du nord ou encore dans les montagnes de l'Altaï que nous avons décidé de partir au volant de notre acadeuch pendant plus de 6 mois...
En 1999 le pays vient juste d'ouvrir ses frontières et nous somme certainement la première 2CV à entrer en terre mongole.
Petit arrêt en Allemagne avec notre remorque. Elle devait transporter sur une "base arrière" mécanique en Mongolie, toutes les pièces de rechanges lourdes (Bras de suspension, traverse, groupe moteur boite...).
Malheureusement deux pneus explosés à trois jours d'intervalle en pleine Sibérie nous obligera à abandonner la remorque et la moitié de son chargement chez une famille russe.
TRAVERSÉE RAPIDE PAR LA RUSSIE
L'objectif du voyage est axé sur la Mongolie et nous ne consacrons que peu de haltes en Russie. Au total 18 jours de route pour franchir les 10.000 km entre Marseille et Oulan-Bator la capitale de la Mongolie.
Petit arrêt devant la place Rouge pour le prix d'une contravention (négociée).
De nombreux petits restaurants jalonnent la route le long de la Sibérie, comme celui-ci, à l'intérieure d'une énorme citerne réaménagée, ou bien dans des wagons ferroviaires, qui ont trouvés une seconde jeunesse.
MONGOLIE NOUS VOILÀ
Dès la frontière franchie le paysage devient grandiose. Nous ne nous attendions pas a une différence aussi net. La piste prend ses droits - seul 1000 km de goudron dans tous le pays - et les steppes mongoles dévoilent leurs légendaires yourtes blanches...
Équipée d'un Canon AE1 et d'un Zenit russe, Sylvie immortalise nos mois de voyages et de découvertes.
Certes pour le souvenir, mais surtout pour le témoignage d'une vie nomade unique, à faire découvrir et partager à travers nos diaporamas.
Comme un appel à la zen attitude, le bord de certaines pistes propose à l'état sauvage des champs entiers d'une petite plante qui, en France, assaisonne souvent la cigarette des fumeurs.
Parfois les steppes vallonnées laissent place à des reliefs plus prononcés où la piste longe de grandes rivières. La Mongolie se pare de plus de 4000 rivières et de 2000 lacs, de quoi agrémenter nos bivouacs...
Pour franchir ces larges rivières de superbes ponts entièrement en bois ont été construit. Parfois sur plusieurs centaines de mètres de long, ils se fondent totalement dans la beauté du paysage et dans l'esprit nature qui s'en dégage.
Malheureusement les ponts restent rares en Mongolie et l'un des sports national est le passage à gué.
Parfois il faut remonter à même la rivière pour trouver un accès sur la berge opposée, d'autres fois la profondeur a raison de l'allumage, même le boitier étanché à la graisse et le ventilateur démonté.
Quelques fois les plaques sables sont indispensable pour escalader les rochers, ou encore le cric dans de l'eau à 2° pour extirper la 2CV posé sur un bloc masqué par l'eau. Bref, à chaque fois un bon repérage s'impose pour limiter les galères et les casses.
Au pieds de cet ancien volcan nous passons l'un de nos premiers bivouacs sous les étoiles. Loin de toute pollution lumineuse le ciel nocturne propose sans retenue toute sa beauté, à l'instar des nuits sahariennes. Au matin son ascension nous donne un point de vue idéal sur toute la plaine.
De nombreux autres bivouacs suivront, bien sûr au bord de lacs, mais aussi dans les dunes du désert de Gobi, sur les sommets enneigés de l'Altaï ou encore dans les nombreux paysages rocheux que nous traversons.
Le long des pistes une multitudes de fleurs égayent nos sens. Des couleurs vives aux délicates odeurs toute une palette s'offre à nous, sans oublier des milliers d'Edelweiss, si rare en France.
La faune sauvage met également tous nos sens en alerte. Souvent nous stoppons la 2CV, restant dans le silence à l'affût du moindre bruit, ou plutôt de la moindre apparition.
Grâce au superbe livre "Mongolian Red Book", édité en 1997 par le ministère mongole de la nature et de l'environnement, qui rassemble une somme de 400 pages couleurs sur la faune et la flore de Mongolie, nous savons où chercher chaque animaux. Pour compléter ce livre une carte zoologique de Mongolie et un vieux livre de 1957 nous sont également bien utile.
La Mongolie possède un grand nombre d'animaux, certains très rares. Ici les aigles règnent en maître sur la steppe, les mouflons dans les montagnes, les chameaux, les chevaux et les ânes sauvages dans les grandes plaines du sud, les serpents dans le désert de Gobi et les gazelles dans l'ouest du pays.
On trouve également l'ours du Gobi, le léopard des neiges, le loup et de nombreux autres espèces que nous n'avons pas eu la chance de rencontrer.
Après des journées riches en émotions le bivouac du soir et un instant privilégié ou le repos et le calme sont appréciés. La nuit, notre lit de toit ouvert sur le ciel par une fenêtre en plexiglas, nous permet de récupérer nos forces quand la journée à été physique...
Et puis le matin, c'est le réveil dans des lieux toujours plus grandioses.
Que ce soit dans la steppe, à Oulan-Bator ou dans les petits villages, l'art mongole se retrouve de toute part.
La peinture est l'un d'eux. Qu'il s'agisse d'affiches éphémères de cinéma, de théâtre ou bien de propagandes politiques plus durables, tout est dessiné et peint à la main, sur bois, tôle, béton ou tissu.
Après un court passage à Oulan-Bator pour faire viser nos passeports, nous retournons rapidement au cœur de ce pays sauvage où la nature et les nomades cohabitent en toute harmonie.
Bien qu'étant très peu peuplé, il est rare de passer plus de deux jours sans voir une yourte au loin.
Seul le désert de Gobi reste isolé et très peu fréquenté.
Dans le voyage, une des choses la plus importante reste l'échange avec l'autre et les relations entre les gens. Grâce à sa convivialité et son intérêt pour la vie nomade, leur culture et leur mode de vie, Sylvie me permet, à moi le "sauvage", d'apprécier à sa juste valeur toutes nos rencontres. En effet, nos différences nous enrichissent...
Si le cheval est le roi des steppes, dans les montagnes de l'Altaï, seuls les yachts résistent et sont utilisés pour les déplacements.
Le cheval pour l'homme, et le chameau pour transporter sa yourte, sont les moyens de locomotion de tout mongol qui se respecte.
Dans la steppe, accablés par la chaleur, les aiglons ne bougent pas de leur nid. Les adultes eux, sans aucun arbre à la ronde, viennent vers nous et profitent de notre ombre. Lorsqu'on repart en marchant vers la 2CV, ils suivent notre ombre pour se protéger du soleil...
Cette détresse difficile a accepter pousse Sylvie, dès qu'elle le peut, à mettre tout en œuvre pour aider les animaux qui croisent notre chemin.
Dans le désert de Gobi les chevaux, les chameaux et les moutons se précipitent à notre rencontre dès qu'ils nous voient stopper près d'un puits. Ils savent que seul l'homme peut y tirer l'eau pour les abreuver.
En Russie, ces ours enfermés dans une cage au bord de la route nous révolte, mais à part leur donner un bien maigre repas nous ne pouvons pas faire grand chose pour soulager leur souffrance.
Les aigles de la steppe sont assoiffés par la chaleur, le bec ouvert haletant. Sylvie confectionne un demi entonnoir avec une feuille de papier pour leur donner un peu d'eau.
Même quand il n'y a pas d'animaux nous ne manquons jamais de remplir les abreuvoirs que nous rencontrons dans le désert.
La Mongolie c'est aussi les monastères. Longtemps pourchassés par les russe et les chinois les bouddhistes et les chamans ont du se cacher.
La plupart des monastères ont été détruit par cette haine de l'autre et d'une culture différente. Ce monastère en ruine situé sur une île en est l'exemple parfait. Sylvie l'immortalise à l'aquarelle.
Les pistes mongoles mettent la 2CV à rude épreuve.
Qu'il s'agisse de la boue qui nous oblige à mettre les chaînes neige, du sable qui demande une bonne maîtrise des plaques de désensablement, des lits de rivière où les galets piègent la 2CV encore plus que le sable, ou des ornières de camions qui n'ont de cesse de chatouiller les pots de suspension, nous avons de quoi faire.
La 2CV n'a pas été préparée pour de telles souffrances comme nous avons pu le faire au Sahara, mais plutôt pour notre confort avec un lit de toit, une bonne isolation intérieure, un coin cuisine, un petit bureau "d'étude".
Le poids ne faisant pas bon ménage avec les mauvaises pistes et le hors-piste, pas mal de petits soucis mécaniques nous ont joyeusement fait signe durant tout le voyage et ce, jusqu'à notre retour en France.
Vous voyez ci-dessus l'état de la traverse sous boite de vitesse. Et bien à force de frotter dans les ornières elle est remonté contre la boite et tout doucement à user le carter aluminium jusqu'à le perforer. Nous ne nous en sommes rendu compte qu'une fois l'huile de boite laissant une traîné sur la piste. Cela nous a valu un retour express sur Oulan-Bator pour trouver un soudeur aluminium. En attendant, une chambre à air bien enroulée autour de la boite de vitesse minimisera la fuite.
Ce retour forcé sur la capitale a été l'occasion de se reciviliser un peu, manger des pizzas et voir les musées. Que ce soit dans la steppe ou dans les villes, les mongoles pratiques de nombreuses activités pour gagner leur vie.
Du simple primeur à la boutique alimentaire au marché des centenaires, en passant par la vente d’œufs durs ou un service de pèse personne beaucoup de petits métiers se développe dans les villes.
Plus loin dans les immensités du pays on trouve le ramasseur de bouse de yack (comme combustible), la vendeuse de lait au bord de la piste, les chasseurs de marmottes et tous ce qui touche à l'élevage, la traite et la tonte des animaux domestiques.
La réparation accomplie nous retournons vite sur les pistes, en direction du lac de Khosgol plus au nord et les Tatsan qui y transhument pour l'été. C'est une population de quelques dizaines d'individus qui vivent sous les tipis, élèvent et se déplacent en rennes.
Grâce à Sylvie et son indéniable charisme, cette famille Tatsan nous prend en affection. Ils nous invitent à partager leurs repas et nous apprenons aux enfants à pêcher.
Ils nous convieront même a rester avec eux pendant trois jours supplémentaires pour assister à leur cérémonie chaman !!!
Un moment qui restera à jamais gravé dans nos têtes...
Dans une ger voisine toute la famille se réunira pour la photo souvenir.
Nous quittons enfin nos amis pour continuer la piste vers le sud à travers la forêt. Malheureusement les cartes ne sont pas bien à jours et le chemin que nous suivons se perdra dans les bois.
Nous faisons alors demi-tour pour retrouver la plaine.
A nouveau seuls nous retrouvons nos petites habitudes, poissons grillé, pommes de terre frites, du pain fait maison par Sylvie et tout ses bons petits plats mijotés sur notre réchaud à essence.
Nous cuisinons généralement ensemble, sauf quand la mécanique demande une réparation urgente.
Bientôt le réchaud va nous lâcher, nous obligeant à cuisiner au feux de bois, ou bouses de yack.
La Mongolie est bien sûr le pays du cheval. Presque tous les nomades que nous rencontrons sont à cheval et souvent c'est l'occasion d'un petit galop. Du moins pour Sylvie qui maîtrise l'animal depuis sa plus tendre jeunesse. De mon côté c'est pas vraiment çà...
Au bord de la piste nous nous arrêtons pour regarder passer une mère et sa fille, chacune avec une charrette en bois tiré par un yack. C'est la corvée du bois, indispensable pour cuisiner. Voilà un exemple de scènes de vie qui nous plonge dans un autre monde, loin de notre société à 100 à l'heure...
Ici nous prenons vraiment le temps de vivre et de profiter de chaque instant. Nous faisons de nombreux arrêts chaque jour. En Russie c'était plutôt des arrêts "Police" pour excès de vitesse ou autre, mais une bonne bouteille de vin marqué "Vin de France" arrangeait toujours l'affaire !!!
En Mongolie les pauses consistent davantage à prendre une bonne tasse de thé ; à se détendre ; à contempler un paysage, à grimper sur les poteaux électriques pour photographier des nids d'aigles et de faucons ; a faire les marchés locaux ; a se faire des petites gargotes à l'approche de villages ; a pêcher ; à découvrir des grottes...
Maintenant cap sur le désert de Gobi. Le sable approche et les premières difficultés aussi avec une 2CV assez chargée.
Heureusement sur ce coup là, des mongoles guidés au bruit du moteur hurlant sont venus nous prêter main forte...
La technique est bonne, quatre qui poussent derrière, deux autres à cheval qui tractent devant, moi qui saute au volant pour accélérer et un dernier qui reste en retrait à cheval pour récupérer les plaques de désensablement.
Le voilà d'ailleurs qui revient sous les éclats de rires de ses camarades !!!
En effet, en Mongolie on monte à cheval avant de savoir marcher, et quant ramassant les plaques à la volé sans descendre de son destrier celui-ci s'est cabré au bruit de l'entrechoquement des plaques faisant chuté son cavalier, tous le monde a pouffé de rire...
Le Gobi renferme des sites parmi les plus exceptionnels au monde, notamment des dinosaures fossilisés et du bois pétrifié.
Certains de ces lieux restent très difficile d'accès à travers des massifs de dunes. Nous avons alors donné rendez-vous à un points GPS précis (Ah la technique !!!) à un couple d'autrichiens et leur fils rencontrés trois semaines plus tôt à Oulan Bator.
En effet, ils voyageaient en Unimog 4x4 et nous leur avons proposé un échange de bons procédés : ils nous aide dans les dunes et nous les amenons dans les sites dont nous avons eu les informations grâce à des amis paléontologues.
Marché conclut et nous voici réunit sur le bivouac d'un des sites de bois pétrifié dans un paysage magnifique.
Sylvie est assise sur un tronc d'arbre fossilisé d'une dizaine de mètres de long. Partout des morceaux de troncs sont dispersés. Fabuleuse découverte !!!
Mais ce n'est rien comparé à ce qui nous attends. Nous découvrons un enchevêtrement de gigantesques canyons d'une rare beauté. Tout au fond gisent des ossements de dinosaures !!!
Grâce a la carte de répartition des sites de dinosaures en Mongolie, nous avons pu découvrir de nombreux endroits exceptionnels...
Avec nos trois amis autrichiens nous cherchons un accès pour atteindre le lit asséché de ces profondes gorges d'Altan Ula.
En bas, nous mettons au jour de fabuleux ossements fossilisés. Sylvie dégage ici un petit dinosaure végétarien complet d'à peine un mètre de long, plus loin c'est un seul os de près d'un mètre cinquante qui apparaît.
Chacun de nos pas apporte son lot de découvertes. C'est sans aucun doute l'un des sites de Mongolie qui nous a le plus impressionné.
Sur la paroi d'un des canyons nous trouvons un os brisé, une moitié à terre et l'autre encore prisonnier de la roche. A l'intérieur nous contemplons, subjugués, la moelle cristallisé...
Sur le retour les cordons dunaires de Khorgon Els nous suivent sur près de 200 kilomètres. En arrière plan la chaîne de montagne et un ciel d'orage transcendent la beauté des dunes.
Nous profitons souvent de la grandeur de ces paysages pour prendre une bonne douche. Que ce soit près d'un puits, au bord d'un lac, d'une rivière ou en pleine steppe avec notre douche solaire, je dois dire que notre salle de bain avec vue à 360° est unique.
Avant de quitter la Mongolie nous décidons de faire un crochet vers le sanctuaire des Ours du Gobi. Au début tout se passe bien, tant qu'il faut resté au fond des vallées.
Pour atteindre le lieu de villégiature des ours il faut franchir une haute chaîne montagneuse par un col à 3000 mètres.
Cela devrait être à la porté de notre 2CV... Mais c'est sans compter sur la neige qui en ce mois avancé d'octobre couvre de son manteau blanc les sommets.
Malheureusement même avec l'aide des chaînes neiges il nous est impossible de franchir le sommet - juste derrière la 2CV - pour redescendre dans la vallée aux ours . Nous allons néanmoins jusqu'au col à pieds, pour atteindre l'ovoo à 2926 mètres...
Tant pis, ce sera pour une autre fois... Nous retournons sur Oulan Bator à l'auberge de Gana. Dernières formalités avant de quitter le pays le 8 novembre.
Nous redoutons la Trans-Sibérienne sur les routes enneigées, avec nos pneus lisses, notre allumage à bout de souffle et déjà les -15° qui figent l'huile du moteur. Finalement nous y arriverons en conduisant non-stop à tour de rôle sur 10.000 km, sans couper le moteur plus de deux heures à cause du froid.
Plus d'un véhicule sont partis en tête à queue devant nous, mais heureusement Sylvie maîtrise la glace des routes sibérienne, autant que le sable du Gobi.
La nuit suivant notre arrivé à Aubagne (à 15 km de Marseille), la neige est tombée à 2h du matin comme pour se rappeler à notre bon souvenir sibérien...
France - Mongolie : Mai 1999 - 6 mois - 37.000 kilomètres.
Itinéraire Mongol réalisé avec la 2CV (17.000 km)